La vidéosurveillance : la solution miracle sur les lèvres de tous nos élus.

Il y a quelques mois les proviseurs contestaient l’utilité de la vidéosurveillance dans les lycées ; pourtant la mairie de Matoury a trouvé une solution à la délinquance, à l’insécurité dans les rue de Balata : elle va installer des caméras. A Cayenne c’est pour rassurer les commerçants que la ville annonce l’extension de son réseau. Vous serez bientôt filmés dans les moindres recoins, dans tous les quartiers… Pourtant depuis que les caméras ont fleuries dans nos villes de Guyane il ne semblerait pas que la violence ait diminuée (comme le rappellent si bien les épisodes de cambriolage et braquage de ces dernières semaines). Quand est-ce que nos élus comprendront que la répression et le flicage sont une fausse solution et des plus coûteuse.

Nous n’avons pas besoin de plus de caméra, comme nous n’avons pas besoin de plus de flics, ni dans les écoles, ni dans les rues. Il serait judicieux de préférer l’utile au répressif, par exemple un système de restauration scolaire ça ne doit pas augmenter l’insécurité, alors qu’un flic, une caméra, des fois ça donne justement envie de lancer des pierres !

Orpaillage : l’armée au service des capitalistes

C’est par une action coup de poing que le préfet, bien accompagné, a choisi de communiquer le réinvestissement de Dorlin par l’armée. Un camp de base avec en permanence une quinzaine de militaire et trois gendarmes a vu le jour sur le site d’orpaillage. Le but est de « sécuriser la zone » pour qu’Auplata puisse exploiter tranquillement l’or qui s’y trouve. L’armée au service d’une multinationale ! Pour quelles retombées financières pour la Guyane ? On se le demande, car avec 20 personnes la facture va quant même être bien salée pour l’Etat. Bref si on peut espérer quelques petites améliorations quant à la détérioration de l’environnement, je ne vois pas en quoi nous avons à gagner d’un tel arrangement.

Pis si les garimperos s’en vont de Dorlin, nulles doutes qu’ils iront ailleurs. Et qu’ils n’y seront pas « plus propres ». S’entêter à vouloir chasser les orpailleurs « illégaux » sans s’attaquer aux simples questions de fond : qui donne l’argent pour cette exploitation illégale ? Qui organise les filières de transport ? Surement les garimperos (sans papiers) qui s’organisent très bien… tous seuls ! Mais pensons bien à hurler tous ensembles pour que la répression s’intensifie sur les méchants « illégaux » afin de dérouler le tapis rouge aux gentils « légaux » !

Paul Mattick – La révolution fut une belle aventure Des rues de Berlin en révolte aux mouvements radicaux americains (1918-1934)

Retour sur la vie de Paul Mattick, Berlinois révolté, figure du communisme de conseil, passé par les milieux spartakiste, communiste anti-bolchevique, puis engagé auprès des IWW et autres radicaux aux Etats-Unis.
Mattick-aventure-21ea9Traduit de l’allemand par Laure Batier et Marc GeoffroyPréface de Gary Roth / Notes de Charles Reeve

192 pages | 13 x 20 cm
17 euros | isbn 978-29158307-6-7

http://www.lechappee.org/la-revolution-fut-une-belle-aventure

Expulsions massives en cours et a venir à Cayenne… ou le petit business de la gauche guyanaise !

Note d’actualité: le squat de l’AFPA dans Cayenne, fortement habité (plus de 100 personnes) devrait très probablement être expulsé entre le 19 et le 21 Novembre.


L’article qui suit est extrait du numéro 244 de Courant Alternatif, le mensuel de nos camarades de l’Organisation Communiste Libertaire (http://oclibertaire.free.fr/)

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Le 14 Octobre, le préfet de Guyane a donné son aval pour l’expulsion d’un des multiples squat (bidonville) de Cayenne. Situé en centre ville sur les terrains de l’ancienne gendarmerie, ce squat géant, peuplé d’étrangers précaires (majoritairement demandeurs d’asile originaire de Colombie, Brésil, Guyana, Pérou, Argentine, Guatemala, République Dominicaine, Guinée, Guinée-Bissau, Sierra Léone et Gambie) faisait mauvaise figure pour l’image du centre ville. Avec le retour des plages de sable fin en bord de ville pour la décennie a venir[1], la municipalité (Parti Socialiste Guyanais ou PSG) main dans la main avec la région (affilié a l’UMP) lance de nombreuses expulsions pour, comme partout en France, laisser place a des projets d’éco quartiers et d’autre projets d’urbanismes branchés (ici on parle d’un éventuel aquarium ???).[2]

En gros, toujours le même processus, les habitants sont contrôlés, puis classés selon leurs statuts (expulsables ou pas). Les services de l’Etat leur proposent des retours volontaires ou des relogements (inadaptés à leurs besoins et/ou très contraignants car situés loin en périphérie pour être sûr qu’ils refusent) et finalement on déplace le « problème » en les expulsant de fait a l’extérieur de la ville. Pour ne pas décrédibiliser l’action de l’Etat, la presse bourgeoise communique ensuite fortement sur la légalité de la procédure[3], et puis de toute façon, comme le dit le préfet, « Nous sommes dans un Etat de droit »! On nous ferai presque croire que cette expulsion est réalisé dans l’intérêt des expulsés…

 

« L’état de droit »…?

Vu le prix de l’immobilier en Guyane (difficile de trouver un studio à moins de 500€/mois), évidemment les logements avec vue sur mer qui remplaceront ce squat seront d’avantage adaptés à des expatriés de métropole (et leurs prime de 40%) qu’a des locaux précaires avec ou sans papiers. Ils n’auront évidemment pas non plus pour objectifs de répondre aux obligations légales de l’Etat en terme de logement de demandeurs d’asile.
Et Cayenne n’est pas une exception. La semaine précédente, dans la zone artisanale Terca de Matoury (ville en périphérie de Cayenne et reconquise par le PSG au dernière municipale), des propriétaires de terrains squattés sont venu faire justice eux même et on creusé des tranchées autour de leur terrain « pour délimiter les parcelles et empêcher l’accès »[4]. Clairement, il s’agit la d’une action d’intimidation en direction des populations « squatteuses ». Une maison construite illégalement a été détruite par la même occasion. La police municipale a observé cette la scène de loin… sans broncher malgré la totale illégalité de l’action de ces propriétaires excités. Une expulsion d’ampleur, légale cette fois ci, ne devrait pas tarder.

Il est intéressant de noter que la liste du nouveau maire de Matoury comptait dans ses rangs, aux dernières municipales, l’historique tête pensante du DAL Guyane, Marius Florella. Habituellement très présent à chacune des expulsions, n’hésitant pas à hurler publiquement son mépris pour les expulseurs, il est depuis la victoire du PSG à la mairie, totalement inexistant… Preuve, une nouvelle fois, qu’on ne peut pas non plus faire confiance aux organisations humanitairo-gauchistes bien pensantes…

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La non-affaire des 5000€

L’unique micro-polémique a la suite de cette expulsion des anciens bâtiments de la gendarmerie est liée à la prime de 5000€ versée « exceptionnellement » aux squatteurs pour que « socialement il n’y [ai] pas grand chose à dire »[5]. Cela pourrait être étonnant, car ce n’est pas tellement le genre de méthodes pratiquées habituellement par les décideurs locaux dans ce genre de situation. Mais on apprendra rapidement que cette somme d’argent a été versée par un patron local désireux d’acquérir ce terrain. Si ce versement pose en effet de nombreuses questions sur la connivence entre le public et le privé dans le cadre de l’aménagement du territoire et des expulsions qui vont avec, ce n’est malheureusement pas a ce sujet que la population a réagit. Comme d’habitude, la majorité de la population la plus réactionnaire a préféré s’outrer de cette injustice sociale, estimant que ces minables profiteurs de la France méritaient moins ces 5000€ que les nombreux franchouillards Guyanais travaillant. Aucune analyse, même rapide, n’a été réalisée quant à l’intérêt de ce versement et de l’objet de cette non-polémique lancée par les médias[6]. Il est pourtant clair que l’unique intérêt de cette démarche est de détourner localement le regard et l’intérêt collectif des expulsions et donner des billes pour stigmatiser encore un peu plus ces populations déjà très dénigrée localement.
Clairement en Guyane, l’Etat expulse sans encombre et en toute impunité. Une grande majorité de la population ne s’en émeut pas, voire s’en félicite. Outre la présence très institutionnalisée et légaliste de la Cimade, et l’action très corporatiste et ponctuelle de RESF aucune solidarité réelle et collective n’existe localement…

A Cayenne, comme en métropole, sous prétexte d’aménagement du territoire, les capitalistes de droite et surtout de gauche gentrifient nos quartiers à grand coup de destructions de lieux de vie, d’expulsions médiatiques et bien évidemment de gros projets immobiliers (souvent financés par des partenariats Publics-Privés).

 Arturo, Guyane

Notes:

[1] Il y a encore un an, le front de mer n’était pas visible car la mangrove était encore présente. En effet la circulation d’énormes bancs de vase charriés par les courants de l’Amazone crée un cycle de présence de mangrove puis de plage sur la cote Guyanaise

[2] http://www.guyaweb.com/actualites/news/justice/expulsions-a-chaton-on-est-dans-un-etat-de-droit/

[3] http://www.franceguyane.fr/actualite/faitsdivers/expulsions-massives-a-cayenne-215363.php

[4] http://www.franceguyane.mobi/actualite/economie-consommation/terca-ce-bidonville-214080.php

[5] http://www.guyaweb.com/actualites/chaton-41-expulsion/

[6] http://www.guyaweb.com/actualites/chaton-41/

Expulsions en série

Communiqué de presse d’AL Guyane publié dans France Guyane
« A propos des expulsions,
Le drame que vivent les familles occupant des logements et un terrain vacants depuis de nombreuses années à la résidence « le petit chalet » devrait interpeller tous les guyanais.
Est il possible d’accueillir des demandeurs d’asile africains et latino-américains et de les traiter ainsi lorsqu’ils s’installent là où ils le peuvent à Cayenne? N’est ce pas l’état qui devrait subvenir au logement des demandeurs d’asile? A quand des foyers dédiés aux demandeurs d’asile en Guyane?
Pour nous ,Alternative Libertaire Guyane ,à Chaton comme à Terca la semaine dernière les expulsions sans relogement ne peuvent pas être une réponse aux problèmes fonciers .
Les populations précaires,demandeurs d’asile ou personnes en état de pauvreté ne sauraient faire les frais des conséquences de la pénurie de logements organisée par les pouvoirs publics lorsqu’ils pratiquent l’autoconstruction.
Nous réaffirmons que face à la crise du logement l’autoconstruction doit être encouragée en favorisant l’installation des personnes sur les terrains vacants.
Nous refusons la construction d’hôtels cinq étoiles ou de résidences de grand standing tant que les logements sociaux indispensables n’auront pas été construits. »
Alternative Libertaire Guyane le 17.10.14

Crime policier dans le Tarn

Un communiqué de presse de la coordination d’opposition au barrage du Testet dans le Tarn suite à la mort d’un manifestant.

Communiqué de presse suite à la mort de Rémy

Rémy, 21 ans, est mort dans la nuit de samedi à dimanche à Sivens. Selon plusieurs témoignages convergents, il s’est écroulé à quelques mètres du camp retranché de la police, atteint par un tir au niveau de l’épaule, avant d’être immédiatement ramassé par la police. S’agissait-il d’un flash-ball ou, plus vraisemblablement, d’une grenade de désencerclement projetée à tir tendu ?

Seule la police le sait qui, jusqu’à présent, occulte la vérité de diverses manières. Elle prétend qu’il n’y a pas eu de blessé-e-s parmi les opposants alors que l’équipe médicale de la coordination témoigne qu’il y en a eu de nombreux le samedi. La police affirme avoir « découvert un corps » dans la nuit en omettant de mentionner la violence des affrontements à ce moment-là (la préfecture a affirmé que les affrontements se seraient arrêtés vers 21h et omis de dire qu’ils ont repris de plus belle vers minuit). Elle prétend n’avoir pu venir sur place le dimanche pour lancer l’enquête (une fois le crime accompli, la police a brusquement quitté les lieux sans, jusqu’à ce jour, tenté d’y revenir).

Nous exigeons que toute la lumière soit faite au plus vite sur cet homicide, par respect pour Rémy, sa famille et ses ami-e-s. Nous souhaitons aussi que les responsables de ce drame soient poursuivis au plus tôt. Et pour nous, le responsable n’est pas seulement le robocop matricule xxx qui a appuyé sur la gâchette samedi soir – et encore moins Rémy. Il s’agit de savoir qui a construit cette situation de violence qui ne pouvait que tourner au drame. Que faisaient donc les forces de l’ordre samedi au Testet, alors que le préfet s’était engagé à ne pas en poster pendant ce week-end, vu les milliers de militants attendus (7000) ? Il n’y avait aucun ouvrier à protéger, ni aucune machine à défendre : la seule qui n’avait pas été évacuée le vendredi avait été brûlée le soir même. Pourquoi donc avoir posté 250 gendarmes mobiles et CRS armés de grenades et de flash-blalls pour garder un petit carré de terre entouré d’un fossé large de plusieurs mètres ? S’agissait-il de protéger les précieux grillages ? Ou bien de générer de la tension et de faire de la provocation ? Les autorités savaient très bien ce qui allait arriver en laissant un engin au Testet le vendredi et en y postant une armada le samedi.

A l’heure actuelle où l’inanité du projet de barrage au Testet apparaît au grand jour, à l’heure où tous les mensonges et conflits d’intérêts dénoncés par les opposants depuis des mois ont été confirmés par les investigations des journalistes (Le Monde 24/10 et le Figaro, 26/10) et le rapport des experts ministériels rendu public aujourd’hui, le président du Conseil général et le Préfet du Tarn n’ont plus aucun argument en faveur du barrage si ce n’est de monter en épingle la prétendue violence des opposants. Ils avaient donc besoin de violence samedi. Ils l’ont provoquée. Elle a coûté la vie à Rémy.

Nous sommes sous le choc et adressons nos plus sincères condoléances à ses proches.

La coordination du 25 octobre

PS : Nous exigeons d’ores et déjà qu’une seconde autopsie indépendante soit effectuée et avertissons la préfecture que si le corps n’était pas conservé de sorte à ce que cette contre-expertise soit possible, ce serait une preuve de plus que les autorités veulent cacher la vérité. Nous dénonçons les tentatives de salir la mémoire de Rémy en prétendant que les causes de sa mort seraient liées à son « alcoolémie » ou à sa « violence ».

Guide a l’usage des proches de personnes incarcérées

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Couverture du guide

Depuis Novembre 2013, la nouvelle version du guide est disponible dans différent lieux en France Métropolitaine ainsi qu’en téléchargement sur internet.

En solidarité avec l’excellent travail réalisé par le collectif Soledad et Associé, et surtout avec les familles des personnes incarcérées au centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly nous avons décidé de participer a la diffusion de ce guide. Certains exemplaires papiers sont d’ors et déjà disponible en consultation dans divers lieux de Cayenne (une liste des lieux suivra prochainement).

N’hésitez pas a nous contacter, ou à contacter directement le collectif à l’origine de ce guide, si vous souhaitez le diffuser.

En voilà une bref présentation:

« Que faire lorsqu’un proche est incarcéré ? Comment demander un permis de visite ? Comment se déroule un parloir ? Quels sont les droits des proches des personnes détenues ? En France, chaque année, plus d’un demi-million de personnes se posent ces questions – et quelques autres…

Réalisé par des proches de détenus, ce guide donne des pistes concrètes pour répondre aux problèmes juridiques, sociaux et pratiques posés par l’incarcération d’une personne proche.

Du dépôt de linge à la lutte contre les prisons, connaître nos droits, échanger nos astuces et construire des solidarités devant les portes des prisons et par-dessus les murs, voilà à quoi doit servir ce guide ! »

Retour sur Grève étudiante en Guyane

Cet article est paru dans l’édition de Novembre 2013 du mensuel d’Alternative Libertaire, toujours disponible sur : http://www.alternativelibertaire.org/?-AL-de-Decembre-est-en-vente-mais-

Depuis le 8 octobre [2013] un grand mouvement étudiant et lycéen a secoué la Guyane, les revendications concernaient des aspects matériels de la vie étudiante (restauration, transports…). Les étudiants et étudiantes exigeaient aussi la démission des responsables du pôle universitaire de la Guyane, la réouverture des filières d’enseignement fermées et la création d’une université de plein exercice (elle dépendait jusqu’ici de l’université Antilles-Guyane).

Un des animateurs du mouvement, Bruno Niederkorn, vacataire à l’université et porte-parole du STEG-UTG, membre de l’intersyndicale des personnels grévistes et de la délégation ayant négocié avec le préfet, a bien voulu répondre à nos questions.

Alternative libertaire : Peux-tu nous rappeler comment et pourquoi a commencé le mouvement ? Comment en est-on arrivé aux revendications d’aujourd’hui ?

Bruno Niederkorn : Fin septembre 2013, il y a eu une prise de conscience des difficultés matérielles des professeur-se-s et des étudiants et étudiantes. La non-ouverture de la licence professionnelle « protection de l’environnement » a été le détonateur du mouvement. Le personnel était en souffrance par rapport à la gouvernance du pôle universitaire guyanais (harcèlement, intimidations voire agressions, y compris sur les étudiants et étudiantes). L’assemblée générale du 3 octobre 2013, réunissant environ 200 personnes sur 2 500 étudiants et personnels à l’université, a voté la grève pour le 8 octobre 2013. Après la première semaine de grève l’analyse portant sur le manque de moyens a permis à tous les membres de l’intersyndicale (Snesup-FSU, SNPTES-Unsa, Steg-UTG, Sgen-CDTG) et au collectif étudiant de poser la revendication d’une autonomie renforcée. Après la deuxième semaine, devant le blocage de l’État, l’analyse même des plus modérés a conduit à demander la séparation d’avec les Antilles et une université de plein exercice.

N’y a-t-il pas eu des frictions au sein de l’intersyndicale des personnels entre des syndicats réformistes (Sgen-CDTG, SNPTES-Unsa) et d’autres plus radicaux (Steg-UTG) ?

Bruno Niederkorn : Dans l’intersyndicale du pôle universitaire guyanais, il n’y a jamais eu aucune tension entre organisations syndicales. Par contre nous avons rencontré des difficultés avec les fédérations Sgen-CDTG et FSU. La CDTG a tenté de négocier à notre place et la FSU a refusé depuis le début l’université de plein exercice.

Que penses-tu de l’auto-organisation étudiante dans ce conflit ?

Bruno Niederkorn : L’auto-organisation étudiante a été très compliquée à mettre en œuvre. Ce n’est qu’au bout d’une semaine de grève que le collectif étudiant a été créé, mais il n’y a jamais eu de décalage entre le collectif étudiant et l’intersyndicale des personnels.

Une revendication phare du mouvement est la création d’une université de plein exercice. Pourquoi avoir adopté cette revendication ?

Bruno Niederkorn : Nous étions en butte à un système d’exploitation où les dotations étaient détournées, à un système de domination où il fallait l’autorisation de l’université Antilles-Guyane pour créer la moindre filière et à un système d’humiliation après les insultes de Raphaël Confiant [1]. On a compris après deux semaines de lutte que l’université Antilles-Guyane avait besoin de nous mais que nous n’avions plus besoin d’elle.

Quel dialogue avez-vous eu avec le gouvernement ?

Bruno Niederkorn : On a vu par exemple une délégation d’étudiants et de personnels se rendre à la permanence de Christiane Taubira, ministre de la Justice et y être reçus de manière détendue par la ministre elle-même. Les rapports avec l’État sont plutôt tendus. Nous avons refusé de rencontrer le préfet pendant quatre jours et Madame Taubira a joué un rôle facilitateur pour renouer le dialogue avec le préfet.

Comment êtes-vous arrivés à maintenir l’unité du mouvement entre intersyndicale des personnels et étudiants en lutte ?

Bruno Niederkorn : Les étudiants et étudiantes ont assisté à toutes les réunions de l’intersyndicale depuis le début du mouvement.

Quelles sont les forces politiques guyanaises qui soutiennent le mouvement ?

Bruno Niederkorn : Nous avons le soutien de toutes et tous les politiques depuis une semaine, notre démarche a été de chercher l’unité et nous l’avons obtenue. Depuis le début du mouvement sont présents à nos côtés les partis politiques Walwari [2], MDES (Mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale) et Alain Tien-Liong président du conseil général.

Quelle a été l’implication de l’UTG (Union des travailleurs guyanais) dans ce conflit ? On a pu noter une grève des conducteurs de bus lors de la dernière journée de mobilisation, n’était-il pas possible d’aller plus loin vers la grève générale ?

Bruno Niederkorn : Depuis le début des liens sont faits entre la centrale UTG et le Steg-UTG. Depuis une semaine, l’UTG augmente son niveau de mobilisation, des débrayages ont été organisés dans des entreprises privées et il y a eu une solidarité financière de certaines sections.

Entretien réalisé par Jérôme (AL Guyane), le 10/11/2013

  • Précision : Un accord de fin de grève octroyant une université de plein exercice à la Guyane a été signé le 11 novembre 2013.