Expulsions massives en cours et a venir à Cayenne… ou le petit business de la gauche guyanaise !

Note d’actualité: le squat de l’AFPA dans Cayenne, fortement habité (plus de 100 personnes) devrait très probablement être expulsé entre le 19 et le 21 Novembre.


L’article qui suit est extrait du numéro 244 de Courant Alternatif, le mensuel de nos camarades de l’Organisation Communiste Libertaire (http://oclibertaire.free.fr/)

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Le 14 Octobre, le préfet de Guyane a donné son aval pour l’expulsion d’un des multiples squat (bidonville) de Cayenne. Situé en centre ville sur les terrains de l’ancienne gendarmerie, ce squat géant, peuplé d’étrangers précaires (majoritairement demandeurs d’asile originaire de Colombie, Brésil, Guyana, Pérou, Argentine, Guatemala, République Dominicaine, Guinée, Guinée-Bissau, Sierra Léone et Gambie) faisait mauvaise figure pour l’image du centre ville. Avec le retour des plages de sable fin en bord de ville pour la décennie a venir[1], la municipalité (Parti Socialiste Guyanais ou PSG) main dans la main avec la région (affilié a l’UMP) lance de nombreuses expulsions pour, comme partout en France, laisser place a des projets d’éco quartiers et d’autre projets d’urbanismes branchés (ici on parle d’un éventuel aquarium ???).[2]

En gros, toujours le même processus, les habitants sont contrôlés, puis classés selon leurs statuts (expulsables ou pas). Les services de l’Etat leur proposent des retours volontaires ou des relogements (inadaptés à leurs besoins et/ou très contraignants car situés loin en périphérie pour être sûr qu’ils refusent) et finalement on déplace le « problème » en les expulsant de fait a l’extérieur de la ville. Pour ne pas décrédibiliser l’action de l’Etat, la presse bourgeoise communique ensuite fortement sur la légalité de la procédure[3], et puis de toute façon, comme le dit le préfet, « Nous sommes dans un Etat de droit »! On nous ferai presque croire que cette expulsion est réalisé dans l’intérêt des expulsés…

 

« L’état de droit »…?

Vu le prix de l’immobilier en Guyane (difficile de trouver un studio à moins de 500€/mois), évidemment les logements avec vue sur mer qui remplaceront ce squat seront d’avantage adaptés à des expatriés de métropole (et leurs prime de 40%) qu’a des locaux précaires avec ou sans papiers. Ils n’auront évidemment pas non plus pour objectifs de répondre aux obligations légales de l’Etat en terme de logement de demandeurs d’asile.
Et Cayenne n’est pas une exception. La semaine précédente, dans la zone artisanale Terca de Matoury (ville en périphérie de Cayenne et reconquise par le PSG au dernière municipale), des propriétaires de terrains squattés sont venu faire justice eux même et on creusé des tranchées autour de leur terrain « pour délimiter les parcelles et empêcher l’accès »[4]. Clairement, il s’agit la d’une action d’intimidation en direction des populations « squatteuses ». Une maison construite illégalement a été détruite par la même occasion. La police municipale a observé cette la scène de loin… sans broncher malgré la totale illégalité de l’action de ces propriétaires excités. Une expulsion d’ampleur, légale cette fois ci, ne devrait pas tarder.

Il est intéressant de noter que la liste du nouveau maire de Matoury comptait dans ses rangs, aux dernières municipales, l’historique tête pensante du DAL Guyane, Marius Florella. Habituellement très présent à chacune des expulsions, n’hésitant pas à hurler publiquement son mépris pour les expulseurs, il est depuis la victoire du PSG à la mairie, totalement inexistant… Preuve, une nouvelle fois, qu’on ne peut pas non plus faire confiance aux organisations humanitairo-gauchistes bien pensantes…

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La non-affaire des 5000€

L’unique micro-polémique a la suite de cette expulsion des anciens bâtiments de la gendarmerie est liée à la prime de 5000€ versée « exceptionnellement » aux squatteurs pour que « socialement il n’y [ai] pas grand chose à dire »[5]. Cela pourrait être étonnant, car ce n’est pas tellement le genre de méthodes pratiquées habituellement par les décideurs locaux dans ce genre de situation. Mais on apprendra rapidement que cette somme d’argent a été versée par un patron local désireux d’acquérir ce terrain. Si ce versement pose en effet de nombreuses questions sur la connivence entre le public et le privé dans le cadre de l’aménagement du territoire et des expulsions qui vont avec, ce n’est malheureusement pas a ce sujet que la population a réagit. Comme d’habitude, la majorité de la population la plus réactionnaire a préféré s’outrer de cette injustice sociale, estimant que ces minables profiteurs de la France méritaient moins ces 5000€ que les nombreux franchouillards Guyanais travaillant. Aucune analyse, même rapide, n’a été réalisée quant à l’intérêt de ce versement et de l’objet de cette non-polémique lancée par les médias[6]. Il est pourtant clair que l’unique intérêt de cette démarche est de détourner localement le regard et l’intérêt collectif des expulsions et donner des billes pour stigmatiser encore un peu plus ces populations déjà très dénigrée localement.
Clairement en Guyane, l’Etat expulse sans encombre et en toute impunité. Une grande majorité de la population ne s’en émeut pas, voire s’en félicite. Outre la présence très institutionnalisée et légaliste de la Cimade, et l’action très corporatiste et ponctuelle de RESF aucune solidarité réelle et collective n’existe localement…

A Cayenne, comme en métropole, sous prétexte d’aménagement du territoire, les capitalistes de droite et surtout de gauche gentrifient nos quartiers à grand coup de destructions de lieux de vie, d’expulsions médiatiques et bien évidemment de gros projets immobiliers (souvent financés par des partenariats Publics-Privés).

 Arturo, Guyane

Notes:

[1] Il y a encore un an, le front de mer n’était pas visible car la mangrove était encore présente. En effet la circulation d’énormes bancs de vase charriés par les courants de l’Amazone crée un cycle de présence de mangrove puis de plage sur la cote Guyanaise

[2] http://www.guyaweb.com/actualites/news/justice/expulsions-a-chaton-on-est-dans-un-etat-de-droit/

[3] http://www.franceguyane.fr/actualite/faitsdivers/expulsions-massives-a-cayenne-215363.php

[4] http://www.franceguyane.mobi/actualite/economie-consommation/terca-ce-bidonville-214080.php

[5] http://www.guyaweb.com/actualites/chaton-41-expulsion/

[6] http://www.guyaweb.com/actualites/chaton-41/